Ces vingt dernières années sont marquées par une prise de conscience et un intérêt croissant pour une alimentation équilibrée. De nombreux enjeux de santé, notamment en lien avec les maladies chroniques, justifient une prise en charge diététique thérapeutique qu’elle soit à visée curative ou préventive. Cette évolution contribue à une augmentation croissante du nombre de diététiciens et de consultations diététiques ainsi qu’à l’évolution des différentes activités et modes d’exercices du diététicien.
Pour devenir diététicien en France, il faut être titulaire du diplôme d’Etat français de diététicien. Ce diplôme est validé par l’obtention :
– d’un Brevet de Technicien Supérieur en Diététique, créé par l’arrêté du 30 décembre 1952, réalisé en 2 ans,
– ou par l’obtention d’un Bachelor Universitaire de Technologie (BUT) Génie biologique parcours diététique et nutrition, proposé en 3 ans depuis la rentrée de 2022. Ce diplôme remplace anciennement le Diplôme Universitaire de Technologie, créé en par le décret du 7 janvier 1966 (D.U.T. Biologie Appliquée – option diététique) proposé en deux ans, devenu D.U.T. Génie biologique option diététique en 1997.
Le métier de diététicien est donc relativement récent et le nombre de diététiciens était, dans les années 60, encore faible, estimé à moins de 400 diététiciens diplômés. En 1972, 800 diététiciens étaient recensés. En 2001, le rapport sur l’évolution du métier de diététicien réalisé au lancement du Programme National Nutrition Santé (PNNS) recensait 4000 diététiciens en France. En 2022, selon les données disponibles, il y avait environ 17 000 diététiciens (source : projet EPARS) en exercice. L’augmentation du nombre de diététiciens au cours de ces dernières années a été régulière avec chaque année une augmentation d’environ 9 à 10 % de diététiciens diplômés.
Le métier de diététicien est majoritairement exercé par des femmes, elles représentent 93 % de la profession. L’âge moyen du diététicien est actuellement de 39,5 ans.
Les compétences du diététicien sont larges et s’étendent à tous les différents domaines en lien avec l’alimentation. Les lieux d’exercice du diététicien peuvent donc être extrêmement variés et de nombreuses possibilités sont certainement encore à développer notamment dans le domaine de l’écologie et de l’alimentation durable et responsable.
Dans les établissements de soins
Actuellement, les diététiciens exercent pour environ 36 % d’entre eux en tant que salariés dans des établissements de soins (hôpitaux, cliniques, centres de réadaptation) soit un peu plus de 6 000 diététiciens en 2022. Pour comparaison, ils étaient 73 % en 1998 alors qu’on dénombrait environ 3 800 diététiciens à cette époque, soit près de 2 800 diététiciens en exercice en établissement de soins.
Les rôles et responsabilités des diététiciens dans les structures de soin sont variés et concernent :
– une responsabilité envers les régimes particuliers prescrits par le médecin, le diététicien fait alors le lien avec les personnels de production et les équipes soignantes pour que les repas servis aux patients soient adaptés à leurs maladies et à leurs enjeux de santé,
– un rôle d’éducation et de formation auprès des patients et du personnel soignant,
– possiblement, un rôle de conseil et de contrôle de l’organisation de l’alimentation dans la chaîne de production des repas en restauration collective.
Dans les entreprises et collectivités
À ce jour, 22 % des diététiciens (soit un peu plus de 3 700 diététiciens) exercent au sein de structures privées de type restauration collective, maisons de retraite, entreprises.
Dans les collectivités, le diététicien intervient tout au long de la chaîne alimentaire pour assurer la qualité nutritionnelle et hygiénique de l’alimentation servie. Il participe également à des actions de formation du personnel, ainsi qu’à des actions d’information autour de l’équilibre alimentaire auprès des consommateurs.
Selon si la restauration est scolaire, médico-sociale, d’entreprise ou autres (armée, prison, etc.), le diététicien devra s’adapter aux besoins nutritionnels de la population concernée et devra être capable de fournir des informations pertinentes en fonction des enjeux de santé :
– croissance pour une restauration scolaire,
– prévention de la dénutrition pour une maison de retraite ou pour un service de livraison de plats à domicile,
– variété et l’équilibre alimentaire pour des salariés d’entreprise.
Le diététicien aura notamment pour mission de mettre en pratique et faire respecter les recommandations du GEM-RCN (Groupement d’Études de Marché de Restauration Collective et Nutrition).
Dans le secteur libéral
Environ 42 % des diététiciens en France exercent en libéral à ce jour, soit plus de 7 000 diététiciens. En 1998, ils étaient 13 % soit 500 diététiciens. Ils exercent principalement dans des cabinets de ville.
L’évolution de la téléconsultation observée depuis 2020 (liée notamment aux contraintes du Covid-19) a contribué à l’augmentation du nombre de diététiciens exerçant exclusivement à distance et proposant parfois également des consultations à domicile.
Parmi les diététiciens libéraux, certains ont une activité mixte, à la fois salariée et libérale.
(Source DREES, Répertoire ADELI).
Autres secteurs d’activité
Les secteurs d’activité accueillant des diététiciens sont en augmentation et se diversifient de plus en plus notamment pour tenir compte du besoin croissant d’associer l’alimentation et la nutrition dans les enjeux de santé actuels.
Ainsi, outre les secteurs d’activité cités supra, les diététiciens exercent également dans :
– des établissements d’enseignements publics ou privés en tant que formateurs,
– des établissements scolaires pour sensibiliser les élèves à une alimentation saine et équilibrée,
– des centres de remise en forme et de bien-être pour accompagner les patients ou clients à une meilleure forme physique et une meilleure santé,
– en thalassothérapie pour adapter l’alimentation aux clients qui suivent une cure thermale,
– dans l’industrie agro-alimentaire pour participer au développement de produits alimentaires plus sains, avec un intérêt nutritionnel augmenté,
– des centres de recherche où ils participent à la conception, la réalisation et l’exploitation des enquêtes nutritionnelles dans le cadre d’études visant à comprendre les effets de la nutrition sur la santé,
– en tant que consultant indépendant pour accompagner et conseiller des structures privées.
D’autres secteurs innovants sont également en développement :
– activité en nutrition sportive auprès d’athlètes, d’équipes sportives en vue d’augmenter les performances ou dans des entreprises spécialisées en compléments alimentaires pour sportifs,
– activité en technologies de la santé et applications mobiles de plus en plus utilisées dans le domaine de la santé et de la nutrition,
– activité dans le champ actuel de l’alimentation durable et écologique par la promotion de régimes alimentaires respectueux de l’environnement.
Ces secteurs d’activité ne sont que des exemples, la liste est loin d’être exhaustive, et il est encore aujourd’hui de la responsabilité du diététicien d’imaginer et de créer d’autres activités relatives aux enjeux de santé et de société actuels.
Les voies alternatives et combinées d’exercice du métier
Le cumul de plusieurs activités
En France, le métier de diététicien offre la possibilité d’exercer différentes activités professionnelles en même temps et de travailler sous différents statuts :
– en tant que salarié dans des établissements de santé, des maisons de retraite, des centres de soins ambulatoires, etc.
– en tant qu’indépendants pour réaliser des consultations diététiques dans un cabinet de ville, à domicile ou à distance en téléconsultation,
– en tant que commerçant dans des activités liées à la nutrition (vente de compléments nutritionnels, de produits diététiques, d’aliments spécialisés…),
Le diététicien peut travailler aussi bien dans le secteur public que le secteur privé, dans des structures à but lucratif, où l’objectif est de générer des bénéfices économiques, que dans des structures à but non lucratif, telles que des associations ou des ONG.
En guise d’exemples, un diététicien peut travailler à temps partiel, en tant que salarié, dans un hôpital, et travailler en tant qu’indépendant dans un cabinet de ville. Il peut également avoir un statut de salarié et exercer dans une clinique privée conjointement à une autre activité salariée dans une association de patients.
Par ailleurs, de nombreuses opportunités existent en contrats à durée déterminée (CDD) notamment à l’hôpital. Il est vivement conseillé d’accepter ce genre de contrat, surtout dans ses débuts professionnels, afin d’acquérir des compétences variées, précieuses sur un Curriculum Vitæ, et très intéressantes pour augmenter votre champ de compétences.
Bien que cela soit possible d’exercer plusieurs activités en même temps, certaines conditions légales sont à respecter afin que le cumul se passe dans de bonnes conditions, notamment dans le cadre d’un emploi salarié.
Ainsi parmi les facteurs à prendre en compte, figure :
– la durée légale de travail de 35 heures par semaine,
– la durée journalière de travail de 10 heures maximum par jour avec un temps de repos de 11 heures consécutives,
– au-delà de la durée légale de travail, les heures travaillées sont comptées en heures supplémentaires et doivent être rémunérées selon les dispositions légales et conventionnelles en vigueur,
– la durée maximale de travail hebdomadaire en tant que salarié qui est fixée à 48 heures. Ainsi, un diététicien salarié à temps plein (35 h) dans une entreprise pourra alors travailler 9 heures supplémentaires dans une autre entreprise, à condition toutefois que les règles énoncées par la convention collective ou le contrat de travail ne l’interdisent pas.
Il est à noter que le cumul ne sera pas autorisé si une clause d’exclusivité est signée dans le premier contrat de travail. Certains contrats dans la fonction publique interdisent le cumul d’emploi.
Pour information, le premier employeur est responsable du respect de la durée maximale du temps de travail. Il est donc en droit de demander au salarié d’apporter des justifications des heures réalisées dans une autre entreprise.
Il est intéressant de noter que la limite d’heures ne s’applique pas pour le travail non salarié. Ainsi les heures passées en tant qu’indépendant ne sont pas comptabilisées dans le temps de travail légal. Il en est de même pour une activité de bénévolat ou de participation dans des œuvres d’intérêt général ou de secours.
Ainsi, un des premiers atouts du métier de diététicien est d’offrir la possibilité de pouvoir cumuler des activités diverses dans des environnements différents. C’est pourquoi, il n’est pas rare de rencontrer des diététiciens qui cumulent plusieurs activités en même temps.
Si vous avez déjà un statut de micro-entrepreneur, il est par exemple possible de réaliser des remplacements de congés maternité de diététiciens déjà installés en ville. Ces opportunités représentent un excellent moyen de découvrir l’activité et de voir si cela peut vous convenir à plus long terme.
Toutefois, exercer plusieurs activités en même temps implique de veiller à respecter toutes les exigences légales et réglementaires applicables pour chacune d’entre elles. Le diététicien doit notamment s’assurer qu’il n’y a pas de conflits d’intérêts entre les différentes activités et veiller à respecter les règles de confidentialité et de déontologie professionnelle.
Exercer plusieurs activités différentes peut présenter toutefois quelques limites. En effet, souvent la nature de ces activités fait qu’elles ne sont pas toujours régulières et qu’elles peuvent être amenées à s’arrêter certains mois. C’est par exemple une activité de formateur qui s’arrête pendant les vacances scolaires et peut donc mener à une absence d’activités pendant près de 17 à 20 semaines, soit le tiers de l’année.
Le cumul de ces activités nécessite d’être une personne dynamique, organisée et motivée. Il est conseillé d’apprécier le changement et la nouveauté sans craindre ou appréhender les changements réguliers, prévisibles ou non.
Pour aller plus loin et tout comprendre avant de s’installer, Le Guide de l’installation du diététicien est un outil de travail précieux pour tous les diététiciens en réflexion ou en cours d’installation.